En considérant le sucre comme une métaphore du monde contemporain et en établissant une analogie entre son processus historique et l'évolution des praxis liées à l'art et à la communication, ce texte interroge les mécanismes culturels et repense le sens, la place et la nécessité d'une parole poétique dans le monde d'aujourd'hui.

Le livre de Hoda Hili est un corps fait de mots tramés de silence. Un volume d’air s’y trouve déployé, une lumière. Elle court entre les poèmes, les aphorismes. À tendre l’oreille, c’est une voix économe de ses mots, toujours rigoureusement ajustés que l’on entend résonner, une voix libre et légère.
Lire Hoda Hili, c’est marcher sur le fil du souffle, main courante tendue sur le passage aérien de l’exister.

Alain Freixe

nous voilà alors
face à face
avec tout ce bleu
avec cela
dans la gravité
de cette parole légère
et si haut perchés
que nous entendons la couleur
dans la gorge tonique des cieux

Les enfants masqués lèvent les yeux.
Ils rêvent de filer par un des portails bleus
entre deux nuages, vite refermés
par des courants mystérieux
que nos peaux nues ne soupçonnent pas.
Même bleu,
le vide reste le vide.
Même vide,
le bleu reste le bleu.
Mais alors, qu’est-ce qui déferle dans la mer ?

– En poèmes courts, abrupts, haletants, Fabrication du garçon procède de la nécessité de dire le passage à l’âge de jeune adulte...

(...)

Pour aimer il aurait fallu dispenser
le désir assidu et constant
d’avancer pas à pas d’automne en automne
en remerciant les saisons passées
même s’il arriva qu’on fût fous déjà

(...)

(...)

            Il est doux le garçon qui ne dort jamais
            il sait mener la danse et garder patience
                ordonner tendrement au corps qui recule
                de respirer avant l’unification
                des bouches de métro d’un mercredi soir
        Il est pur le garçon qui ne dort jamais
       rebelle un peu comme un retour en enfance
    sauf qu’à son contact tous les clichés s’éculent
  Il affronte en riant la séparation
bravant la solitude un vendredi soir
     

(...)